Le théâtre Périscope propose une nouvelle pièce Foreman du 16 avril au 4 mai 2019. Issu d’un milieu ouvrier, le comédien Charles Fournier a travaillé de l’âge de 17 à 23 ans dans la construction avant de quitter cet univers pour entrer au Conservatoire d’art dramatique de Québec. C’est de cette expérience de vie qu’il tire cette pièce réaliste et qui interroge sur ce qu’est la masculinité, la virilité. Question que l’homme moderne se pose, dans une société ou les codes ne sont plus aussi faciles et simples qu’auparavant.
Une gang de gars, amis sans qu’on sache trop ce qui les relie, que l’habitude tient ensemble. Après un événement malheureux, ils sentent le besoin de se retrouver sur une terre à bois. Entre règlements de compte, débordements virils, confidences et niaiseries, Foreman aborde avec humour et profondeur la difficulté à s’exprimer, les rapports de force inévitables dans un groupe d’hommes et la beauté de la fraternité.
Un sujet riche, complexe et délicat. La pièce met à l’épreuve les bases de la masculinité pour mieux en abattre les limites et en faire surgir la vulnérabilité. Cette création parle ouvertement à la gent masculine de toutes les générations et à celles et ceux qui les aiment. Il est difficile et encore plus suite au nouvement #meetoo de parler de masculinité, le consentement est lié à l’image que l’homme à de lui même de son rôle et de son comportement et aussi à celui qu’il a de la femme. Le sujet est ouvertement abordé dans une scène et remet les choses en perspective.
J’pense que les gars m’aiment bien. J’suis capable d’en prendre. J’commence à faire mes preuves, pis à partir d’à soir j’va faire partie des insides quand y vont raconter des histoires. Le monde va savoir que j’me tiens avec eux… que j’suis quand même un peu dangereux. T’sais ces gars-là savent se battre pis y’ont toutes des chars. C’est des fucking gangsters! Man, j’me sens invincible, un mélange d’euphorie pis de rage. J’me sens tellement fort que j’ai l’impression que j’pourrais pitcher des boules de feux ostie ! Je l’ferai pas, mais j’suis sûr que j’peux. – extrait Foreman
La grossièreté, la vulgarité est de mise tout au long de la pièce. Si les sacres et autres comportements violents ou de masculinités toxiques vous mettent mal-à-l’aise, peut-être faudrait-il éviter cette pièce. J’avoues avoir de prime-abord été extrêmement mal-à-l’aise face à cette masculinité que je ressentais comme violente et toxique et dans laquelle je ne me reconnaissais pas. Puis, le temps à passé et malgré les comportements primaires de ces hommes qui font parfois penser à des meutes d’animaux, on décèle leurs sensibilités, leurs souffrances et leurs peurs. J’ai commencé à les comprendre. A m’identifier à leurs questionnements et fragilités même. Le besoin de se définir par des mots, par des comportement est important pour nous tous qui que nous soyons, et ces hommes rencontrent aussi ce besoin. Ils se définissent ensemble, cherchant à comprendre ce que c’est d’être un homme, en général et encore plus aujourd’hui. Une pièce à voir !
Parallèlement à la pièce, Charles et son équipe ont mis sur pied un projet de médiation culturelle intitulé For men — Pour homme, en collaboration avec La Maison Painchaud et L’Archipel d’Entraide. Il y donne la chance à 13 hommes du milieu carcéral ou souffrant de problèmes mentaux de s’exprimer à travers l’écriture dramatique.
https://www.theatreperiscope.qc.ca/programmation/foreman
Par Michel Hubert