Samuel Champagne a 32 ans, il est détenteur d’un doctorat, est auteur de cinq romans et parent de 2 enfants, malgré des réticences et des questionnements, il nous offre le récit de sa vie.
Si Flaubert disait : « Madame de Bovary, c’est moi », il ne faut pas confondre le protagoniste d’un roman et son auteur. Après avoir écrit Éloi et Garçon manqué aux Éditions De Mortagne, on croyait connaitre l’histoire de Samuel, mais ce n’est pas la cas, avec Trans chez le même éditeur, il met sa vie en mot.
Dès l’avant propos, l’auteur se demande si ce livre est nécessaire, s’interroge sur les raisons qui lui font l’écrire et s’il ne se met pas en danger en le faisant. Ce qu’il fait, ce n’est pas une autobiographie pour raconter sa vie comme le ferait un homme célèbre au crépuscule de son existence, ce que fait Samuel c’est témoigner de son parcours.
Il y a eu beaucoup de ces livres témoignages autobiographiques d’homosexuels permettant de dédramatiser et de démystifier cette orientation auprès des jeunes de la diversité comme au yeux des hétérosexuels. Mais pour nos amis Trans, les témoignages se font plus rares. Ce que Samuel fait en laissant tomber le voile de sa pudeur sur son parcours de vie, c’est justement participer à cet effort de démystification de la réalité Trans.
« Parce qu’il y a un moment où toute personne transsexuelle se demandera quoi faire pour exister. »
Comme l’a fait Stephen James Lambert lors d’une conférence au Cégep FX Garneau en mars 2017, il ne cache rien, parle de tout sans honte. N’occultant ni les questionnements, ni les peurs ni les sentiments qui ont émaillés sa vie, il raconte anxiété, douleur, mensonge, dépression sévères, troubles alimentaires, jusqu’aux opérations chirurgicales et aux cicatrices. Il se met à nu pour nous. Tous les deux font oeuvre de pédagogie ! Quel courage et quel force d’oser tout raconter sans fars pour nous faire comprendre.
« Pendant longtemps, j’ai eu le sentiment de marcher au travers d’un monde que je ne saisissais pas. Maintenant, je ne peux pas dire que je le comprends tout à fait, oh non, pas du tout. Mais je me comprends. Et, pour y arriver, j’ai dû aller au bout, tout au bout… à la limite de ce que je croyais possible, et sauter… pour aboutir dans un lieu qui avait des allures de rêve.»
Samuel se raconte, sans détour. Il parle de son enfance, alors que sa mère, qui pensait ne jamais pouvoir avoir d’enfant, a enfin eu une fille. Il aborde sa relation occasionnelle avec son père, qui l’a souvent dénigré et harcelé pour qu’il corresponde à ses propres standard de la ptite fille modèle.
« Sois jolie, sois mince, sois forte, sois polie, bien éduquée et plus intelligente », disait le père de Samuel.
Bien qu’il ne sente pas à sa place dans sa vie, l’idée de ne pas être né du bon sexe ne lui traversa pas l’esprit et c’est seulement après avoir eux deux enfants, qu’il s’aperçu que son mal être était profond. Après maintes recherches, et diverses tentatives, la révélation : il est trans ! Une fois le mot posé, il pu enfin entamer un parcours pour que son corps corresponde enfin à son genre pour être enfin lui-même.
Un récit pédagogique, poignant et si rare qu’il se doit être lu..
Tous les livres de Samuel de Champagne, y compris Trans sont disponibles gratuitement aux Bibliothèques de Québec. L’Alliance Arc-en-ciel de Québec tient à remercier les Éditions De Mortagne.
Par Michel Hubert