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Les réseaux sociaux face aux questions LGBT

By 25 mars 2017mai 31st, 2018Evenements

La Semaine du numérique organisée par Québec Numérique se tiendra à Québec du 1er au 9 avril 2017, dans ce cadre, beaucoup d’activités vont avoir lieu à travers la ville, en particulier la célèbre WAQ (Web à Québec) dont ce sera la 7e édition. C’est l’occasion pour tous les acteurs du milieu de se rencontrer et de s’interroger sur les enjeux du numérique.

Les réseaux sociaux, en particulier, qui font partie intégrante de nos vies, cristallisent bien des questionnements. Le droit à la vie privée, la confidentialité, l’anonymat, le vol d’identité, le droit à l’oubli, les fausses informations ou faits alternatifs et l’intimidation n’en sont que quelques-uns. Ils trouvent également écho dans les préoccupations concernant la communauté LGBT+.

De l’homophobie …

Les Réseaux sociaux, de Twitter à Instagram en passant par Facebook sont souvent décriés. Les cas d’intimidations en particulier sont légion, et poussent parfois des personnes au suicide. Il est de notoriété publique, que les jeunes membres de la diversité sexuelle et de genre (DSG) sont plus sujet au harcèlement de la part de leurs pairs et que, malheureusement,  le suicide est  encore un sujet de premier plan.  De plus la multiplication des cas de propos homophobes est très inquiétante. L’anonymat relatif sur les réseaux sociaux semble faussement autoriser certains à déverser des propos haineux, toujours choquants et souvent condamnables, et participe à cet environnement d’intimidation des membres les plus fragiles de la communauté. C’est d’ailleurs en ce sens que l’Alliance Arc-en-ciel a recommandé au Bureau de lutte à l’homophobie d’être actif sur les réseaux sociaux dans son mémoire « Lutter contre l’invisibilité » remis à la ministre de la Justice du Québec, madame Stéphanie Vallée, dans le cadre du Plan d’action de lutte à l’homophobie et à la transphobie 2017-2022 du ministère de la Justice du Québec.

Mais pas seulement …

Toutefois, les réseaux sociaux sont aussi des outils importants dans la transmission de l’information. Bien entendu les cas de fausses informations sont courants et problématiques, de nombreux pays se penchent sur le sujet et cherchent des moyens de proposer des filtres pour limiter leur impact. En ce sens d’ailleurs, en France, Google a lancé le projet Crosscheck, avec le soutien de 16 rédactions médias, destiné à chasser les fausses informations circulant en ligne. Facebook France va lui aussi lancer son programme similaire. Ce problème des fausses informations et de leurs propagations rapides montre à quel point les Facebook et autres Twitter sont des vecteurs rapides et importants d’informations. Pour qu’une information se rende jusqu’aux bons lecteurs, il faut qu’elle soit reprise, que ce soient par le simple partage ou par la création de contenu originale. Chaque association, groupe ou même membre de la communauté a le devoir de servir de relais d’information. Cela participe, pas uniquement, mais aussi, à démystifier l’homosexualité et à corriger bien des préjugés. L’Alliance en ce sens est très active sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Instagram) et s’attelle à faire une veille active de l’information, nationale comme internationale, et à créer maintenant du contenu original. On peut aussi saluer le travail du Miels Québec sur la qualité des informations qu’ils transmettent régulièrement concernant la lutte contre le VIH-Sida.

Il est aussi nécessaire de partager de l’information locale, le travail de Fugues sur le sujet est louable, mais chacun peut et doit partager ce qui se fait dans sa région, cela permet aussi de créer un lien social. Parce que justement, les réseaux sociaux ne sont pas que des vecteurs de haine, leur premier objectif est de créer ce lien social. On peut bien entendu critiquer chacun de ces réseaux pour leurs politiques de confidentialité ou leur utilisation des données personnelles à des fins publicitaires, mais on doit leur reconnaître qu’ils peuvent aussi jouer un rôle positif.

Il y a aussi du positif…

Encore récemment, Radio Canada revenait sur le poids écrasant de la solitude chez les gais, et du stress de faire partie d’une communauté minoritaire. Ce sentiment est encore plus prégnant dans certains groupes à l’intérieur de la communauté, c’est le cas par exemple des aînés ou des immigrants.

C’est justement pour briser l’isolement, créer un lien social et s’entraider que Denis Boucher, Régis Landry et Pierre Quesnel ont fondé le groupe Facebook Les vieux amis en avril 2016. Destiné aux 50 ans et plus, il comptait, en février, quelque 220 membres, provenant de plusieurs régions du Québec.  De la même manière, pour contrer le double isolement des immigrants LGBT un groupe Facebook encore embryonnaire, a aussi été créé sous le nom : Les immigrants LGBT de la ville de Québec. Enfin l’isolement géographique est aussi pris en considération grâce au travail admirable de la Fierté Agricole. La jeunesse en questionnement très présente sur les réseaux sociaux a besoin également de support fiable et a but non lucratif, les applications de rencontres n’étant pas un lieu de soutien ou d’échanges.

Tous ces groupes de soutien apparaissent plus facilement sur les réseaux sociaux, mais sont malheureusement souvent noyés au milieu de milliers de groupe de rencontres peu sérieux ou à franchement éviter. Il est certain qu’il n’est pas facile de s’y retrouver, peut-être qu’un répertoire de référence des sites, groupes, et pages de la DSG sur les réseaux sociaux pourrait être utile.

La lutte contre les discriminations est encore un combat actuel, pertinent et nécessaire. Et  les réseaux sociaux sont un formidable outil qu’il faut utiliser. Sur le web aussi l’homophobie est présente et revêt même parfois des formes plus subtiles comme la décision récente de Youtube de mettre en place un filtre LGBT, permettant ainsi aux visiteurs de faire disparaître toutes traces de la communauté et de remettre au placard la diversité sexuelle et de genre.

Il y a donc beaucoup à déplorer, mais il y a aussi beaucoup à saluer sur les réseaux sociaux. Ils sont ce qu’on en fait. Comme beaucoup d’outils technologiques, ils peuvent aussi être vertueux et sauver des vies si on les utilise correctement. C’est à nous de définir ce que l’on veut faire de ces formidables outils. Ce qui est certain, c’est qu’aucune lutte sociale ne peut maintenant se passer des réseaux sociaux. Tout groupe qui veut défendre des valeurs d’inclusion et d’égalité se doit d’avoir une stratégie numérique.